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édito special 2ème confinement #2 / Novembre 2020

Recapitaliser la vie associative

Nous vivons une période compliquée d’un point de vue économique laissant présager un avenir douloureux pour la vie associative. Celle ci rassemble 13 millions de bénévoles agissant dans divers domaines d’activités permettant ainsi de déployer des actions à destination de la population dans son ensemble, soit un million quatre centre mille associations qui forment la richesse de notre pays en agissant dans le sport pour transmettre ses valeurs, dans le social pour préserver les plus fragiles, dans l’humanitaire pour protéger ceux qui n’ont rien, dans le culturel pour éveiller les consciences et ouvrir les esprits …

Au sein de ces associations, plus de 2 millions de salariés agissent tous les jours pour offrir à notre société cette plus-value. Toute cette activité génère des flux financiers, participant ainsi à vie économique du pays en produisant des richesses. En effet, on pourrait penser que les subventions représentent la majeure partie des ressources des associations, c’est pourtant loin d’être le cas et leur apport dans leur budget global est en baisse continuelle passant de 34 % en 2005 à seulement 20 % en 2017. Cette diminution drastique des moyens alloués les mets au défi de trouver de nouvelles ressources : pour certaines, du mécénat ou du don et pour d’autres, des nouvelles sources d’autofinancement.

Si le principe du don n’est pas négatif en soi en créant une solidarité spontanée, on peut critiquer le fait que les dons défiscalisés permettent de soutenir certaines organisations humanitaires ou à vocation sociale issues de mouvements confessionnels. Certaines ont été sujet à polémique ces derniers temps comme Baraka city et le CCIF (https://islamenforce.wordpress.com/2016/03/03/declaration-impots-reduction-sadaqa-aumone-zakat-dons-organismes-musulmans/) mais aussi Civitas qui manifestait pour interdire l’avortement et le mariage pour tous et a pu en bénéficier jusqu’en 2015 en tant qu’association avant de se muer en parti politique pour bénéficier d’avantages similaires.

Quant à l’autofinancement, il correspond souvent à une activité qui s’inscrit dans l’économie réelle, et il doit être pris en compte comme tel.

Aussi il est impératif que ce patrimoine économique ne disparaisse pas au même titre que les entreprises privées ou le secteur bancaire.

Celui-ci avait bénéficié d’une recapitalisation lors de la crise des subprimes.

De la même façon qu’en 2008 pour les banques, un grand nombre d’associations qui agissent dans des secteurs économiques clé comme le tourisme social, la formation, etc., les associations intermédiaires et tant d’autres mettront la clé sous la porte si on ne leur octroie pas de fonds en urgence pour compenser leur perte d’activité.

En région Hauts de France, 97 600 associations représentent 198 000 emplois, soit plus de 10% des emplois de la région. C’est là une réalité dure à rendre visible quand un modèle néolibéral prime. Néolibéral … encore faudrait-il que ce soit un modèle économique nouveau et qu’il propose les mêmes libertés aux êtres humains qu’aux biens et marchandises qui peuvent eux circuler librement d’un pays à un autre quelle que soit leur origine.

Les dégâts humains produits par ce modèle économique sont considérables dans notre région. On le constate actuellement à Béthune où 863 salariés, se retrouveront sur le carreau avec la fermeture du site de Bridgestone au seul prétexte de compétitivité.

Auparavant, et pour les mêmes raisons obscures, notre région a connu de nombreux plans sociaux, laissant des séquelles à des familles entières qui perdaient ainsi beaucoup de repères. Notre région a besoin de passer un cap et c’est une économie réparatrice qui doit se mettre en place pour soigner la souffrance qui a prévalu ces dernières décennies et créer une dynamique nouvelle.Cette économie réparatrice, la vie associative peut y contribuer largement.

Si elle n’est pas aidée comme il se doit, il faut s’attendre à un plan social de plusieurs dizaines de milliers de personnes … qui a d’ailleurs déjà commencé. Si le prêt garanti par l’Etat est une très bonne solution, à court terme, pour permettre à celles qui peuvent en bénéficier de parer au plus urgent, les assos doivent être en mesure, demain, d’envisager l’avenir grâce à leurs fonds propres.

Pour cela, il est nécessaire qu’une partie des prêts consentis servent à recapitaliser notre patrimoine associatif afin de sauvegarder l’économie associative et l’emploi.

Nous demandons donc à l’Etat de transformer en aide directe les prêts accordés puisque garantis. Ce sera nécessaire pour sauvegarder l’économie associative et l’emploi.

 

Bruno VERBEKEN
Président de la Fédération du Nord