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Il y a un an, Samuel Paty

Il y a un an Samuel Paty, enseignant, était sauvagement assassiné à la sortie du collège de Conflans Sainte Honorine. Cet assassinat nous a tous fortement indigné.

En tuant un enseignant pour un contenu pédagogique visant à éveiller le sens critique, c’est toute la communauté éducative qui était attaquée. C’est aussi notre modèle républicain d’éducation qui a vocation à former des femmes et des hommes libres, capables de penser par eux-mêmes comme ils l’entendent qui se trouve remis en cause de façon inacceptable.

Un an après, ce souvenir restera celui d’une plaie que nous ne savons cicatriser. Il nous aura atteint par l’émotion que cet acte ignoble a suscitée en nous.

Mais au-delà de l’indignation …

Au-delà de l’indignation, il est aujourd’hui urgent de nous rassembler et travailler ensemble à créer et déployer un vaccin à la haine et l’intolérance qui comme le COVID … tuent.
Il faut pour cela être fier de la République, de son histoire et de ses valeurs.

Il est insupportable qu’aujourd’hui, la haine et l’intolérance soient des enjeux électoraux pour obtenir des voix. Ce commerce politicien nauséabond, dont on ne peut que regretter que le front national n’en possède plus le monopole se développe à tel point qu’aujourd’hui quelqu’un qui a été condamné pour incitation à la haine devient présidentiable d’une république dont les valeurs sont : liberté – égalité – fraternité.

Travailler ensemble ? Cela veut dire que les pouvoirs publics doivent s’appuyer sur le tissu associatif. C’est un lien fort qui est à construire avec ceux qui s’engagent au quotidien, un lien de confiance !

Malheureusement, force est de constater qu’un an après cet assassinat sauvage, les politiques publiques n’ont que très peu changé et les quartiers prioritaires restent souvent des territoires dans lesquelles la république n’est pas représentée comme elle le devrait. L’accès aux services publics est limité sous couvert de restrictions des dépenses publiques, les soutiens aux associations diminuent chaque année.

Comme l’écrivait Jean Paul Delahaye, alors Vice Président en Charge de la Laïcité à la Ligue de l’Enseignement : « là où la république recule les religions avancent ».

Cette évidence ne doit pas le rester, il faut d’autres ambitions pour notre République.

Il est indispensable que des structures comme les nôtres qui agissent sur la déconstruction de certaines idées reçues, la capacité à développer sa conscience … finalement à une émancipation par le développement de ses capacités intellectuelles. C’est ainsi l’un des fondements essentiels de la laïcité qui est la liberté de conscience que nous appelons à propager partout.

Ne laissons donc pas se propager la haine et l’ignorance et travaillons à ce que brillent l’intelligence et la connaissance.

La Ligue de l’Enseignement du Nord est attachée à travailler dans les quartiers en politique de la ville parce que ni lieu, ni personne ne doit être relégué.

Nous avons fait le choix d’investir ces lieux pour travailler non pas la question républicaine mais la réponse qui est la traduction opérative du principe de laïcité et le ciment qui nous permet de faire société : la fraternité.

Nous devons amplifier notre action en ce sens et vacciner contre la haine et l’ignorance, mettons y les moyens, à titre d’exemple la campagne de vaccination contre le COVID coûte près de 6 milliards d’euros en 2021.

Dans la campagne du Chiapas au Mexique, les paysans indiens qui luttaient pour vivre avec dignité de leur production avait lancé le message suivant par la voix de leur porte parole :
« Une nuit n’est pas forcément suivie d’un lever du jour, une nuit peut très bien être suivie d’une autre nuit, si nous ne l’arrêtons pas maintenant … par la force de la raison ».

 

Bruno VERBEKEN, Président de la Ligue de l’enseignement du Nord