Dans ces espaces collaboratifs d’économie sociale et solidaire, l’entraide et le partage ne sont pas un vain mot, d’autant plus en période de crise.
Quand, avec le confinement, tous les tiers lieux de France et de notre région ont dû fermer, « jusqu’à nouvel ordre », l’idée d’être utile a rapidement germé dans la tête de bon nombre de coopérateurs.
Les plus high tech ont redoublé de créativité, grâce aux imprimantes 3D et découpes laser disponibles dans les Fab Labs, ces espaces de création et de fabrication collaboratif. Partout, des visières de protection ont commencé à sortir des ateliers, beaucoup plus rapidement que les protections fournies par les pouvoir publics. Mis en commun par des coopérateurs de tous horizons, des fichiers ont tourné et l’élan de solidarité a pris. Ces visières et masques alternatifs ont équipé des personnels des hôpitaux, des commerçants, … des chauffeurs de bus.
Le sujet “tiers-lieux” n’est pas nouveau mais il n’a jamais autant fait parler de lui. L’État, via la Mission Coworking, s’en saisit au risque de centraliser un phénomène par essence distribué et ouvert. Les collectivités locales y voient un excellent moyen de revitaliser les centres-villes, au risque de multiplier les coquilles vides.
Pourtant, les tiers-lieux ne sauraient être la solution miracle à tous les problèmes. D’où l’importance d’en comprendre finement les impacts sur les territoires.
Tiers lieux, foodlab, living lab, fab lab, friche culturelle, café associatif, espace de coworking… autant de dénominations différentes que de géométries variables des acteurs qui les portent. Ces lieux se développent et se positionnent aujourd’hui comme les nouveaux espaces pour s’adapter aux mutations du travail et promouvoir l’entrepreneuriat associatif, social et professionnel.
Dans un monde de plus en plus digitalisé, avec de nombreuses plateformes de partage collaboratif, il n’y a rien qui remplace l’humain, le contact et le besoin de rapprochement des uns et des autres. Les tiers lieux émergent comme une réponse à l’isolement, au besoin de revitalisation des zones rurales et in fine, au besoin de recréer du lien à tous les échelons.
Dans le contexte actuel (crise des gilets jaunes, montée de l’extrême droite, COVID), la décision d’appuyer le développement des espaces de concertation citoyenne paraît presque évidente. Le faire ensemble se révèle aujourd’hui comme une nécessité d’une société qui se sent déconnectée des élites politiques et qui se soulève face aux réponses apportées (mobilité, climat, migrations…).
Pourtant, le tiers-lieu ne se décrète pas mais il est possible de favoriser son essor. L’aspect “ascendant” est fondamental et le militantisme citoyen est un élément moteur de la dynamique interne. En effet il est essentiel que l’initiative vienne des habitants ou acteurs locaux et qu’ils aient les moyens de la développer.
Les Fédérations du Nord et du Pas-de-Calais de la Ligue de l’Enseignement est en contact avec plusieurs associations affiliées et partenaires, en vue d’accompagner le processus de gestation de plusieurs tiers lieux.
Nous voulons que ces nouveaux lieux d’engagement et d’innovation sociale puissent bénéficier et s’épanouir à partir de nos valeurs.
Nous pensons que l’entreprenariat collectif par des personnes qui mettent en commun leur compétence en vue d’agir de façon vertueuse est une solution d’avenir et permettra par la valorisation des compétences internes au territoire de le rendre résilient.
Photo : La cité fertile (https://www.blog-des-collectivites.fr/accueil/mieux-vivre-ensemble/collaborer/la-cite-fertile-tiers-lieu-ephemere-qui-veut-convaincre)