Jean-Baptiste, fondateur de la compagnie Théâtr’Eux, nous confie son besoin de raconter des histoires, de briser la morosité et de libérer l’humain à travers la scène.
Pouvez-vous présenter votre association en deux phrases ?
Théatr’eux est une compagnie de théâtre amateur qui existe depuis 1995 qui est née d’un besoin d’expression sur scène, de parler, de sortir du quotidien et des « il faut ».
On dit souvent que la compagnie est drôle et utile et nous y croyons vraiment car elle est utile contre cette morosité ambiante de la vie réelle.
Qu’est-ce qui a mené l’équipe à cette association ?
Thomas: Je suis arrivé ici alors que j’étais encore enfant. La compagnie organisait une activité théâtre pour les CM1. Lorsque j’ai vu le spectacle qu’ils avaient produit avec cette classe, la passion du théâtre ne m’a plus quitté. J’ai donc rejoint Théatr’Eux, l’association qui est intervenue dans l’école et cela m’a tout de suite plu. Voilà maintenant 15 ans que je suis membre.
Amélie : En voyant mon petit frère s’amuser sur scène, j’ai songé à le rejoindre. Pour des raisons de santé, j’ai été contrainte d’arrêter mon activité de l’époque, cette situation m’a ainsi encouragée à rejoindre la compagnie. J’ai immédiatement chopé le virus.
Myriam : Je suis maman de comédiens. Ici, je suis la trésorière et j’aide la compagnie notamment dans la fabrication des décors.
Michèle : J’ai commencé le théâtre en tant que retraitée. Ma belle-sœur m’a incitée à me rendre à l’association pour y faire un essai puis après une année, j’ai attrapé le virus aussi. Ça va maintenant faire 10 ans.
Qu’est ce qui anime toutes vos démarches ? Quel est le rôle du CRTA ?
Tout d’abord, grâce au CRTA, nous avons une liberté totale d’expression tout en étant connectés à un réseau de compagnies, ce qui enrichit notre expérience collective. Ce qui me motive, c’est la nécessité de raconter des histoires. Au-delà du fait que le théâtre nous unit et reflète notre identité, ma principale motivation vient d’une véritable nécessité. Cela me rappelle l’ouvrage de Kandinsky « Du spirituel dans l’art » où il évoquait la nécessité de l’art. C’est exactement ça, il est essentiel de monter sur scène, sinon il y’a un énorme manque. On peut me qualifier de naïf, mais quand je monte sur scène, quand je fais jouer des enfants, que ça rit, que ça invente des histoires, que ça y croit et que c’est leur vie qu’ils jouent sur scène, c’est beau. Cette motivation nous rend humain. Le théâtre du rend humain.
« Le théâtre est une contradiction : à la fois cadre et liberté totale »
Si vous deviez vous comparez à une allégorie, une métaphore ou une citation pour définir votre perception du théâtre laquelle choisiriez-vous ?
Le théâtre est une contradiction. C’est à la fois un cadre, la scène, bien souvent les gens se sentent prisonniers voire humiliés par eux même surtout lorsqu’ils sont seuls et en même temps le théâtre est la liberté la plus totale. Si un jour il y’a du nu dans une pièce, il y en aura et ça voudra signifier quelque chose. C’est à la fois source d’énormément de crispations et de stress, mais aussi libérateur de toutes les angoisses que l’on a intégrées. C’est une belle contradiction.
Quel est l’outil indispensable pour réaliser une bonne mise en scène, autre que les comédiens ? Sur le plan visuel qu’est ce qui peut rendre une pièce complétement animée ?
C’est une question difficile ! Le théâtre c’est le jeu. Mais je vais répondre alors de manière pragmatique. Ce qu’on y apprend, c’est de tester. Je suis quelqu’un de très visuel, j’incorpore de la danse et de la musique. Alors j’apporte toujours mon petit carnet dans lequel je note tout ce que je vois, que je ressens et qui me parait intéressant puis tester ensuite sur scène. Il y’a également énormément de travail derrière cet art, autant du côté discipline que le côté technique. Enfin, il y’a une petite étincelle de folie.
Dans votre spectacle Mauvaise Fortune, vous utilisez différents éléments (vidéos, musiques) pensez-vous que cet éclectisme artistique nous fait découvrir une nouvelle vision du théâtre ?
Je pense que l’humain a besoin de se raconter des histoires et de se bercer d’illusions. Le théâtre actuel n’est pas juste une mise à jour du précédent. Il fait sens car il est multiple : que ce soit le contemporain, le classique, l’avant-gardiste… ces catégories sont des essais, ce qui relie le tout c’est l’humain qui souhaite passer un bon moment avec son prochain.
Portrait réalisé par Louisa & Elista, web reporters à la Ligue de l’enseignement
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