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édito / Janvier 2021

La pandémie de covid 19, une opportunité pour repenser un monde désirable, plus juste, plus solidaire, plus fraternel, respectueux de cette nature qui nous unit.

Comme chaque année, la tradition veut que nous souhaitions tout ce qu’’il y a de meilleur à chacune et chacun d’entre vous pour la nouvelle année. Mais cette année la pandémie a distendu nos liens sociaux, nous a tous frappés sans distinction, mais plus fortement celles et ceux déjà dans une situation fragile, c’est pourquoi dans ce contexte particulier nous voulons conjurer les mauvais augures et vous souhaiter une année 2021 pleine de réussite, d’amour et de fraternité.

Nous sommes dans un cycle éprouvant qui touche l’humanité dans son ensemble comme la peste au moyen-âge a frappé toute l’Europe avec des conséquences économiques et sociales considérables.

A la différence du virus Ebola ou autres qui sont restés localisés et n’ont pas déclenché d’alerte mondiale, le Covid19 frappe potentiellement tout le monde quel que soit son origine, sa condition, sa culture. Nous sommes donc tous impactés dans nos vies quotidiennes. C’est une démonstration que notre planète n’a de frontières que celles qui enferment nos esprits.

La pandémie et sa gestion ont impacté directement notre mouvement d’éducation populaire car elles ont modifié considérablement les rapports interpersonnels, les possibilités de diffusion et de réappropriation collective de l’information ainsi que la capacité de chacun à participer à la vie citoyenne que ce soit par l’usage de ses droits civiques ou par la participation à des actions ou des œuvres collectives. Tout ce qui fait notre raison d’être.

Pour autant nous n’avons pas baissé les bras, nos associations ont contribué à maintenir le nécessaire lien social et à apporter la solidarité aux plus fragiles. Les services de la Fédération ont continué à fonctionner en s’adaptant à ce contexte pour faire vivre nos valeurs comme cela a été le cas avec la Semaine de la laïcité. Les newsletters nous ont permis de maintenir, dialogue, réflexion et informations.

Notre démocratie doit être exemplaire, la distanciation ne doit pas stopper ou empêcher la participation. Il nous faut impérativement adapter nos pratiques, en réinventer d’autres pour répondre aux grands défis qui sont devant nous. Aussi, avons-nous décidé cette année de travailler en interne et en externe pour faire en sorte que cette situation soit l’occasion pour notre mouvement d’éducation populaire de montrer que nous sommes en capacité de contribuer à construire et transmettre les clés de compréhension du monde qui nous entoure et ainsi susciter une participation citoyenne éclairée.

La crise de la covid19 est le révélateur des dysfonctionnements d’un système à bout de souffle, à bout de cycle, celui d’une économie de prédation qui détruit les écosystèmes et la biodiversité, l’une des causes de l’émergence du virus, mais aussi d’un système où les économies mondialisées intensifient les échanges à la seule logique d’une plus grande rentabilité au profit de quelques privilégiés.

Face à cette situation, l’éducation populaire doit être au rendez vous de la construction d’un nouvel humanisme écologique et social, comme elle l’a été au milieu du 19ème siècle lorsqu’elle a contribué au mieux-être des laissés pour compte du progrès industriel. Les grandes avancées sociales, école laïque pour tous, droit d’association, loi de 1905 ont été le résultat de mobilisations collectives où l’éducation populaire a contribué à éveiller les consciences. A nous de jouer le même rôle dans ce nouveau contexte.

Dès 2019, le conseil d’administration a fait de l’urgence climatique et de la biodiversité un axe prioritaire de toutes les actions de la Fédération. D’une certaine manière, la crise du covid19 est venue corroborer la pertinence de ce choix. Pour nous donner les moyens de mobiliser l’ensemble de la fédération dans toutes ses composantes, nous avons décidé la mise en place des conseils d’orientation qui seront opérationnels dès 2021. Rassemblant les élus, le personnel, les adhérents et nos partenaires ils doivent définir les orientations des différents pôles pour les prochaines années dans le cadre global de l’enjeu de l’urgence écologique. Ils se tiendront pendant le premier trimestre et serviront de base à l’écriture de notre projet fédéral qui sera présenté à notre prochaine assemblée générale.

Nous continuerons à œuvrer pour mettre à la disposition de chacun les outils pour appréhender le monde tel qu’il est, avec ses enjeux écologiques, sociaux, démocratiques et culturels. Avec nos deux fédérations sportives, nos pôles éducation, culture, formation, innovation sociale, séjours éducatifs, avec l’accompagnement que nous réalisons auprès des 900 associations affiliées nous avons l’ambition de donner à chacun les clés de compréhension de notre société en vue de renforcer une organisation sociale dont l’objet primordial sera l’amélioration de la condition humaine en harmonie avec notre planète.  

La crise que nous vivons devra nous faire prendre conscience qu’il y a urgence à modifier nos pratiques et nos usages. Si les ressources ne sont pas inépuisables, nous ne pouvons continuer à les extraire sans vergogne, nous ne pouvons pas modifier constamment notre environnement sans conséquences sur la santé humaine.

Rousseau écrivait déjà sur l’homme en 1762 : «Tout dégénère entre les mains de l’homme.Il force une terre à nourrir les productions d’une autre, un arbre à porter les fruits d’un autre, il mêle et confond les climats, les éléments, les saisons, il mutile son chien, son cheval, son esclave. Il bouleverse tout, il défigure tout, il aime la difformité, les monstres. Il ne veut rien tel que l’a fait la nature, pas même l’homme ».

Que cette année 2021 soit pour nous l’occasion de montrer que l’idéal de l’éducation populaire n’est pas figé dans les années glorieuses de notre histoire mais qu’il sait se réinventer pour répondre aux défis d’aujourd’hui d’une société plus juste, plus fraternelle dans une nature protégée qui ne doit plus être soumise aux seuls intérêts à court terme de quelques nantis. C’est là le nouvel humanisme auquel nous aspirons.

Edward Abbey romancier et écologiste américain disait, dans son ouvrage En descendant la rivière :
« Une société qui se sent trop pauvre pour se permettre de préserver la nature sauvage ne saurait mériter qu’on l’appelle civilisation »

Meilleurs voeux pour 2021.

 

Bruno VERBEKEN
Président de la Fédération du Nord