Les Dimanches se suivent et ne se ressemblent pas, c’est sûrement ainsi que j’aurais aimé intituler cet édito… Mais non, c’est impossible !
Depuis une vingtaine d’années dans notre département et dans toute la France, le vote extrême droite augmente à presque toutes les élections.
Pour autant, dire que notre terre devient raciste serait un raccourci douteux quand on sait à quel point le « soleil est dans le cœur des gens », et surtout en référence à la tradition d’accueil qui a su mêler les migrations polonaises, italiennes, maghrébines … pour créer un vrai mélange d’humanité et une identité culturelle qui nous ressemble et nous rassemble.
Alors pourquoi ce vote pour l’extrême droite ?
Parce que la pauvreté est ici plus forte qu’ailleurs ? Parce l’illettrisme y est plus implanté ? Parce que la précarité énergétique y est plus forte ?
Ou peut être tout simplement, parce que certains se sentent exclus d’un destin commun, attendant en vain que « ça ruisselle » ???
Dimanche dernier, ce sont donc 7 candidats RN aux législatives sur 21 qui sont arrivés en tête du premier tour dans notre département… Fait inédit l’extrême droite est présente dans 11 circonscriptions au second tour.
Il y a cinq ans notre département envoyait son premier député d’extrême droite dans l’hémicycle…
Cinq années qui se sont écoulées sans que l’assemblée élue ne se pose la question essentielle : comment prendre des décisions politiques qui ne laissent plus de place à l’extrême droite dans notre échiquier politique ?
Cela passe par des investissements et notamment celui de l’état qui ne doit pas se limiter à favoriser le seul développement économique pour attirer des investisseurs.
Il nous faut un projet de société :
- Avec une école renforcée pour combattre l’ignorance : proportionnellement au PIB, le budget de l’éducation nationale a été diminué de 20 Milliards d’euros en quelques décennies.
- Avec un système de santé, de recherche et de protection sociale à la mesure des défis qui nous attendent avec l’apparition de nouveaux virus.
Il faut aussi soutenir tout ce qui crée du lien social, de l’engagement et de la convivialité.
Le monde associatif a toute la légitimité et l’expertise nécxessaire pour remplir ce rôle à condition qu’on lui donne les moyens de le faire, ce qui n’est pas le cas puisque les subventions publiques aux associations représentent aujourd’hui 20 % de leurs ressources alors qu’en 2005 elles en représentaient 34 %.
Cessons donc, comme le philosophe Alain le disait si justement, de tenter de donner « un air de justice à l’inégalité » et travaillons demain ensemble à l’égalité républicaine.
Lors du second tour de l’élection présidentielle la ligue de l’enseignement a appelé à voter contre la candidate de l’extrême droite.
Aujourd’hui par votre vote au second tour des élections législatives, vous élirez les députés qui au parlement voteront les lois, mais aussi vous déciderez de donner une reconnaissance et une force aux groupes politiques qui seront présents à l’Assemblée Nationale.
C’est donc ici et maintenant que le danger se situe, c’est ici et maintenant que nous devons inverser les résultats du 1er tour en faisant battre les candidats du Rassemblement National.
Alors quelles que soient les réticences à l’égard de certains candidats et candidates, quelles que soient les critiques que nous pouvons avoir à l’égard de la politique gouvernementale (et nous n’avons pas été les derniers à le faire savoir), une seule logique doit nous animer, la défense de notre bel édifice républicain et de ses valeurs que les candidats de l’extrême droite manipulent pour des finalités totalement opposées.
C’est bien à un sursaut républicain que nous appelons.
Par votre bulletin de vote vous avez le pouvoir de décider !
Saisissez-le donc.
Ici et maintenant, nous appelons chacune et chacun à ne pas mettre un bulletin « Rassemblement National » dans l’urne dimanche prochain et à voter pour faire barrage à l’extrême droite quel que soit le candidat en face.
Et soyons exigeants pour que, dans cinq ans, l’ignorance ait reculé, la convivialité et le bien être aient retrouvé force et vie et que l’extrême droite ne rassemble que quelques irréductibles grincheux.
Ceci passe par un vrai rassemblement des forces républicaines à « faire République ».
Ceci apparait comme un rêve aujourd’hui, il a pourtant déjà existé : c’était le conseil National de la Résistance, avec ses utopies mais aussi ses grandes conquêtes sociales.
Bruno VERBEKEN
Président de la Ligue de l’enseignement du Nord