Drôle de rentrée …
Depuis deux semaines, le top départ de la rentrée des classes, rythmé par les premiers réveils, les premiers petits déjeuners et le chemin vers l’école et le retour vers une routine scolaire, ponctue notre quotidien et l’actualité.
Nous faisons face, cette année, à une drôle de rentrée, qui se déroule dans un contexte particulier et finalement tout à fait inédit …
Comment rassurer nos concitoyens inquiets, désorientés et méfiants dans ce contexte, COVID oblige ?
Quelle mobilisation exceptionnelle de l’Éducation Nationale face à cette situation particulièrement dégradée ?
Comment rassurer les enseignants, les parents, les enfants, les ATSEM et plus globalement les acteurs de la communauté éducative ?
Quelles marges de manœuvres ?
Quelles capacités à l’adaptation et à la résilience face au virus ?
A n’en pas douter, dans ce contexte, notre pays doit pouvoir compter sur la solidité d’une école publique renforcée et d’un Ministère de l’Éducation Nationale pleinement au rendez-vous !
Le Gouvernement joue gros, alors que l’école publique voit ses fondements sévèrement chahutés.
En France, rien ne s’explique par la logique, tout par l’Histoire !
Dans l’esprit des républicains des années 1880, la consolidation du régime politique, né en 1875, passait avant tout par l’instruction publique.
Un siècle et quarante ans plus tard, en plein rebond de crise sanitaire, force est de constater que l’État n’est pas complétement au rendez-vous et, pire, qu’il semble favoriser des intérêts privés pour suppléer aux carences de l’Éducation Nationale.
Des mois durant, nombreuses ont été les tribunes, les interventions et les incantations au profit d’un « monde d’après ». Alors quel serait-il si ce n’est un monde dans lequel les enfants, dès l’âge de 3 ans, auraient accès aux mêmes programmes scolaires, à la même qualité d’enseignement, aux mêmes opportunités et qu’ils puissent s’épanouir dans une société égalitaire, protégés par les principes républicains : Liberté, Égalité et Fraternité.
Quel visage prendrait ce monde si des établissements privés, cofinancés par des groupes de luxe ou des multinationales, ne proposeraient pas de perspectives aux publics les plus en demande ou les plus fragilisés ?
Acteurs éducatifs et artisans de l’école de la République, nous défendons une vision de l’enseignement public assuré par la Nation, dans un rôle d’organisateurs de l’enseignement public gratuit et laïc à tous les degrés, avec un égal accès de l’enfant et de l’adulte à la formation professionnelle et à la culture tout au long de leur vie.
C’est pourquoi, nous attirons l’attention du plus grand nombre sur la mise en place de nouveaux dispositifs portés des entreprises qui, dans le champ de l’enseignement privé, interviennent nouvellement auprès des enfants, via des activités sportives, culturelles ou sanitaires, sur le temps scolaire.
De plus, cet été, pendant les vacances, le dispositif des vacances apprenantes devait permettre au Gouvernement de donner le change pour pallier aux cours manqués pendant le confinement. Majoritairement, les associations d’éducation populaire ont relevé le défi.
Pourtant, certains acteurs du secteur privé, se sont saisis du sujet.
Pour exemple des groupes comme Auchan se sont positionnés comme de nouveaux interlocuteurs opérateurs.
Cette nouveauté pourrait s’apparenter à un précédent qui augure le bouleversement d’un champ d’activités concurrentielles certes, mais majoritairement exploitées par des associations et acteurs de l’ESS.
Nous rappelons que de tout temps, la privatisation du service public a conduit très souvent aux mêmes conclusions : financements publics réduits, dysfonctionnements, mépris des usagers, dégradation de la qualité du service, recherche de la rentabilité au détriment de l’essence même du service rendu aux usagers …
Alors que depuis quinze jours les établissements scolaires accueillent à nouveau tous les enfants, pour la première fois depuis six mois, avec le défi d’évaluer la difficulté scolaire et résorber les inégalités causées par la crise sanitaire, nous alertons et invitons à la plus grande des vigilances collectives.
Bonne rentrée à tous et toutes !