Mercredi 10 mai avait lieu l’Assemblée Générale de notre Fédération à Hazebrouck, où nous avons été accueillis par l’amicale laïque Ferdinand Buisson représentée notamment par sa Présidente, Madame Isabelle HOUVENAGHEL.Les rapports morales, financiers et d’activités ont tous été approuvés à l’unanimité des présents. Les associatifs affiliées ainsi que les adhérents ont remarqué la bonne santé financière, la diversification des actions et le développement de la fédération.
L’assemblée générale a été ponctué des interventions de Stéphane HAUDEGON, qui mis en scène le rapport morale et le rapport d’activités. Ce fût également l’occasion de rappeler, avec humour, l’importance de notre mouvement dans la société contemporaine.
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Rapport d’activités :
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Rapport Morale :
Dans un recueil de sentences et de maximes orientales datant de 1784, on note ceci : « L’honnêteté consiste principalement en trois choses : à faire les choses auxquelles on s’est engagé, à ne rien faire contre la vérité et à se modérer dans ses actions ».
Dans la période récente ou actuelle, dans le monde auquel nous appartenons et essayons de vivre en paix, on peut constater qu’un certain nombre de responsables politiques, qu’ils soient du monde ou de notre pays se soucient peu de respecter ces trois principes.
Lors de notre dernière assemblée générale, à DOUAI, j’avais regretté les actions et les drames qui avaient endeuillé notre pays, s’en prenant à la jeunesse, à notre mode de vie, à notre liberté d’expression.
Hélas, ce que nous avions pris comme des événements douloureux, exceptionnels, dont nous aurions pu imaginer qu’ils ne se reproduiraient plus ont frappé de nouveau, autrement, sauvagement, frappant notre territoire, et s’étendant à d’autres lieux en Europe.
Les réactions de certains responsables politiques n’ont pas été à la hauteur et ont mis en avant suspicion, règlements de compte, manque d’humilité, renvoyant à une époque lointaine l’esprit de solidarité qui avait dominé précédemment dans notre pays.
En ces temps troublés, notre action de terrain est primordiale et le projet de la Ligue de l’enseignement plus que jamais d’actualité. L’ouverture au dialogue pour comprendre l’autre et la réflexion collective sont des réponses concrètes à la tentation de repli sur soi que nous constatons.
Pourquoi commencer par cette réflexion ?
Parce que la Ligue de l’enseignement et ses fondateurs, Jean MACE, Ferdinand BUISSON, Léon BOURGEOIS étaient des hommes de paix, et qu’ils souhaitaient développer la réflexion de leurs concitoyens plutôt que d’avoir recours d’abord à l’invective et ensuite à la mauvaise foi qui, ni la première, ni la seconde ne permettent de résoudre les problèmes qui se posent et les difficultés majeures auxquelles nous sommes confrontés.
Chers amis, je vous vois réunis ce soir pour notre assemblée générale, assemblée qui est, qui doit redevenir un moment important dans la vie de notre fédération.
D’abord parce qu’il vous permet de mesurer la vitalité de nos associations, ensuite parce que cela permet d’échanger et de mieux se connaître, soit officiellement dans le cadre statutaire, soit d’une façon plus conviviale lors du pot de l’amitié qui suivra.
Bien sûr, la vie de chaque association est importante et féconde, comme j’ai le plaisir de le découvrir lorsque vous avez la gentillesse de m’inviter à vos assemblées générales, et comme peuvent le constater les personnels qui vont à votre rencontre, mais il y manque cette dimension de prise de conscience, pour vous, des services que nous pouvons vous proposer, et pour nous, membres du conseil d’administration, de l’intensité et de la diversité de vos activités d’une part, et de vos capacités d’innovation, d’autre part.
Dans le rapport d’activité que vous avez à disposition, et qui va vous être présenté, vous pourrez mesurer l’étendue du travail effectué par nos services, dont les personnels sont à la fois très engagés et très enthousiastes, sous la conduite de notre délégué général, Guy DHELLEMME, toujours à la recherche de nouvelles perspectives dans ces temps difficiles que nous traversons.
Vous pourrez également prendre conscience du rapprochement qui se fait entre l’UFOLEP, l’USEP, et la fédération, que ce soit dans une participation croisée dans les conseils d’administration, mais également dans un affichage commun à l’occasion d’événements comme la « fête de la laïcité » qui s’est tenue en septembre dans le DOUAISIS, ou lors de la cérémonie commune des vœux que chaque entité organise à tour de rôle.
Vous pourrez vous rendre compte du travail effectué dans le domaine des juniors-associations avec la reconnaissance du ministre de la ville, de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, Patrick KANNER, venu dans le cadre du lancement officiel de la junior-association du collège DESCARTES de LOOS. Cette junior-association presque exclusivement féminine, et dédiée principalement au football a poursuivi son développement, avec le soutien des féminines du LOSC et a pu aller à BRUXELLES participer à un tournoi international.
Dans le même domaine, la junior-association « les Explorateurs » dont le référent est Alain Le Dizès, administrateur de la Ligue, a mis en place sur TOURCOING un projet intéressant et qui prend de l’ampleur.
La mise en place de la « semaine de la laïcité et de la citoyenneté » en commun avec le CEDRE (Collectif des Elus Démocrates et Républicains) se développe, et concerne à la fois des communes, dans leurs activités d’animation, des écoles, et des associations qui peuvent y être associées et nous aider à développer cette belle action.
L’action « journée débranchée » en direction des écoles élémentaires existe maintenant depuis 5 ans et permet de montrer ce que les amicales laïques peuvent faire. C’est aussi un bon support pour reprendre contact avec les inspecteurs de l’Education nationale et les enseignants et leur parler de la Ligue.
La lutte contre l’illettrisme se poursuit avec le développement de « Lire et Faire Lire » qui a connu un moment important lors d’une journée à HERGNIES en présence de Mme BAUBY-MALZAC, avec la participation de l’auteur Antoine GUILLOPE, et une journée de formation des bénévoles.
Vous pourrez mesurer la diversité de nos activités avec la présentation du rapport d’activité et les nombreux engagements auprès des jeunes volontaires en service civique, auprès des personnes détenues en centre pénitentiaire, auprès des jeunes en formation BAFA-BAFD auprès des demandeurs d’emploi dans le cadre du CLEA, auprès des agents qui encadrent les enfants durant la pause meridienne. Vous trouverez également les noms de toutes les personnes militantes engagées dans ces belles actions porteuses de sens.
La structuration de l’union régionale ligue « Hauts de France » se poursuit et nous devrions en profiter pour développer de nouvelles actions.
Il me semble indispensable, à la suite des temps que nous venons de vivre d’évoquer maintenant la laïcité : la laïcité est le produit de notre histoire et des combats qui l’ont traversée. Elle est l’héritière de la contestation du principe d’autorité par la philosophie de la Renaissance, elle réalise les aspirations à la liberté du siècle des Lumières. Elle plonge ses racines dans le bouleversement révolutionnaire de 1789 et dans la formidable synthèse qu’en propose la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. La laïcité suppose l’égalité en droits des citoyens et fonde les démarches d’égalisation des conditions. Elle repose également sur l’acceptation fraternelle des différences.
La laïcité n’est pas une simple tolérance. Elle n’est pas un courant culturel, une famille spirituelle, une idéologie. La laïcité est le principe juridique et politique qui permet la cohabitation paisible de ces différents courants idéologiques.
Et cependant, en dépit de ces évidences, des forces politiques, longtemps hostiles à l’idée même de laïcité, qui contestent l’essentiel des avancées juridiques opérées en son nom, s’en sont emparées, quitte à en travestir les fondements et en ruiner les conquêtes.
Les tenants d’une laïcité de repentir, soutiens d’une droite extrême, qui ne parviennent pas à se consoler de la lente sécularisation qui a fait perdre à l’Eglise dominante son magistère culturel y côtoient des laïques identitaires, regroupés dans des partis et mouvements d’extrême droite, comme le Front national ou Riposte laïque, qui voient dans la laïcité l’instrument de sauvegarde d’une identité fantasmée et réactionnaire de la France.
De démarche émancipatrice reposant sur un principe de liberté, la laïcité en vient à n’être convoquée que comme justification de stratégies d’interdiction mises en œuvre au nom d’une identité supposée stable et idéologiquement construite sur un refus de la diversité.
Après une campagne présidentielle des plus déstabilisantes qui a bouleversé les grands équilibres et fait exploser les clivages traditionnels, un nouveau président a été élu, par défaut, diront certains, ou par envie de renouveau diront d’autres. Toutes les interprétations sont possibles. Il semble que la devise républicaine ait une nouvelle fois trouvé un écho positif dans le vote de nos concitoyens. Pour autant la partie est loin d’être gagnée, et nous verrons en juin, lors des législatives, quel sera le nouveau paysage politique qui sortira des urnes, l’ancrage vers les extrêmes étant aujourd’hui très solide.
Plus qu’hier, la ligue de l’enseignement doit se battre avec et pour les populations qui se sentent rejetées et isolées, pour plus d’éducation, de solidarité, de démocratie, … Faut-il se rappeler que nombre de dictateurs sont arrivés au pouvoir par les urnes de manière tout à fait légitime. Jouer sur les peurs comme le font certains pour prendre la tête d’un état constitue un danger extrême pour notre pays. Restons vigilants car le rejet de l’autre, le repli sur soi, la fermeture des portes culturelles,…. ne constituent en rien un projet de société. La ligue, en tant que mouvement d’éducation populaire, se doit plus que jamais de se rapprocher, par le biais des associations affiliées, des actions développées vers tous les publics et notamment de ceux qui sont victimes d’exclusions. Ne nous trompons pas de combat !! « la priorité de nos actions doit permettre de faire, comme le voulait Jean MACE, des citoyens, des individus éclairés et autonomes, capables de prendre des décisions en pleine responsabilité mais aussi de favoriser l’engagement citoyen, fraternel et solidaire. »
Pour terminer, je voudrais vous citer des extraits de 2 textes qui me semblent en rapport avec l’actualité, bien qu’ils datent tous deux de 1904, et qui peuvent nourrir notre réflexion.
Le premier est de Ferdinand BUISSON et évoque la « laïcité intégrale », le second est de Jean JAURES, et parle de démocratie.
De Ferdinand BUISSON : « il y a deux modes de laïcité : l’une relative, l’autre absolue. La première a des degrés aussi nombreux que peuvent l’être les combinaisons intermédiaires entre l’Etat où rien n’est laïque et l’Etat où tout est laïque… La solution à nos yeux n’est pas une nouvelle cote mal taillée. Elle est dans une conception de l’Etat que nous appelons – par contraste avec la laïcité relative- la laïcité absolue ou intégrale. La laïcité intégrale, ce n’est pas la guerre à l’idée religieuse sous aucune de ses formes, c’est la défense de cette idée de se transformer en un pouvoir civil et politique. Elle est si loin de frapper d’interdit ou même de discrédit une opinion confessionnelle quelconque que, bien au contraire, elle garantit à tous, sans exception, mieux qu’aucun régime ne l’a jamais fait, sans autre condition que le respect des lois civiles, une égale liberté, une égale sécurité, bref la parfaite autonomie du fait religieux, aussi longtemps qu’il reste simplement religieux ».
De Jean JAURES sur la démocratie : « dans aucun des actes de la vie civile, politique ou sociale, la démocratie ne fait intervenir légalement la question religieuse. Elle respecte, elle assure l’entière et nécessaire liberté de toutes les consciences, de toutes les croyances, de tous les cultes, mais elle ne fait d’aucun dogme la règle et le fondement de la vie sociale ».