
Q : Pour commencer, pouvez-vous me présenter la compagnie ?
Nous sommes une troupe de théâtre amateur : « Grommelos et Cie ». Actuellement, la compagnie est composée des comédiennes Martine, Frédérique et Oriane, ainsi que des comédiens Olivier, Frédéric et moi, Pascal. Notre régisseur s’appelle Raphaël. Nous sommes tous bénévoles.
Pour l’historique, nous avons démarré en atelier théâtre à Haubourdin (nous sommes 2 rescapés de cette époque-là, Olivier et moi). Nous avons ensuite eu envie d’autre chose, de voler de nos propres ailes.
L’association existait déjà quand nous l’avons reprise ; nous ne l’avons donc pas créée, mais nous en avons changé le nom. Ce nom vient de Jacques Lecoq, un metteur en scène et comédien spécialisé dans le masque. Le « grommelos » vient donc de « grommeler », qui renvoie à un langage un peu spécifique des comédiens, lorsque nous n’avons pas de texte à dire, mais donner des intentions, on grommelle !
Q : Depuis quand la compagnie fait-elle du théâtre ?
Sous cette forme, « Grommelos » existe depuis 2006 ! Mais l’atelier théâtre précédent date lui de 1989. Nous avons été accompagnés pendant des années par Hacid Bouabaya, de la compagnie Joker. Il animait les ateliers théâtre, puis il a fait de la mise en scène et a encadré la troupe durant de nombreuses années. Un jour, il nous a dit que nous étions suffisamment autonomes pour continuer sans lui. Son influence reste très importante : masque, clown, jeu corporel… il nous a beaucoup formés.
Q : Quel était votre univers artistique au début ?
Nous faisions beaucoup de soirées cabaret : une succession de sketchs, avec des entractes pendant lesquels le public pouvait manger. Nous jouions des sketchs connus d’humoristes des années 80, certains de On n’demande qu’à en rire … mais aussi nos propres sketchs.
Nous avons également beaucoup fait d’improvisation, d’abord avec Hacid Bouabaya, puis avec d’autres encadrants. Nous avons participé à des matchs d’impro et au championnat régional animé par Pascal Guetal et Fabien De Coster.
Nous avons aussi monté Stationnement alterné (adaptée par Jean-Louis Dabadie), que nous avons jouée plusieurs saisons.
Q : Comment la troupe a-t-elle évolué ?
Avec le temps, certains membres sont partis pour d’autres projets et d’autres sont arrivés. Les quatre personnes qui sont aujourd’hui avec nous sont arrivées petit à petit.
Nous avons essayé de recruter, mais ce n’est pas simple d’intégrer une troupe déjà constituée. Dans la configuration actuelle, nous fonctionnons ainsi depuis environ trois ans.
Q : Votre 1er spectacle en tant que troupe ?
Petites histoires de planches, que nous jouons régulièrement. C’est une composition née d’une problématique que nous avons rencontré. Dans le répertoire, il y a de grands rôles et de petits rôles, ce qui peut créer de la frustration. Nous avons donc cherché une formule plus équilibrée et nous nous sommes tournés vers le sketch, mais pas le sketch humoristique cabaret : plutôt des sketchs tirés de la littérature théâtrale, notamment des textes de Jean-Paul Alègre (Brefs de théâtre) ou de Jean-Pierre Martinez.
Nous avons lu plusieurs textes et chacun a choisi ceux qu’il voulait jouer. On essaie de répartir les sketchs de manière équitable, selon les envies de chacun.
Certains sketchs ont aussi été écrits par nous-mêmes, dont Planche, que j’ai écrit.
Q : Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer au festival ?
Simplement, nous avons envie de jouer. Le CRTA nous offre des opportunités.
Nous sommes basés Herlies dans une commune où la municipalité nous prête une salle pour répéter et pour jouer plusieurs fois par an. Nous faisons deux représentations annuelles : une où nous jouons notre spectacle, et une où nous invitons une autre troupe.
Nous essayons aussi de jouer ailleurs. Grâce à Guillaume, nous avons joué au Cheval Bleu d’Armentières, à Bertry en mars, et maintenant ici au Festival Théâtre en Nord de Willems.

Q : Depuis combien de temps êtes-vous affiliés au CRTA ?
Depuis la création des réseaux géographiques locaux. J’ai même fait partie des fondateurs du réseau de notre territoire.
Nous y participions moins à une époque, car les réunions avaient lieu le lundi, soir de nos répétitions. Nous avions aussi participé il y a longtemps à un festival à Saint-Amand où les conditions (jouer dans un couloir pendant que d’autres troupes jouaient ailleurs) ne nous avaient pas convaincus.
Quand Guillaume a repris l’animation du CRTA, comme je le connais bien, cela nous a permis de revenir plus facilement. Guillaume est force de proposition et il anime les réseaux du CRTA avec l’envie de bien faire et de répondre aux attentes et aux besoins des compagnies affiliées. C’est une personne motivée et motivante. Il sait de quoi il parle.
Q : Comment avez-vous connu le CRTA ?
Je crois que je l’ai connu grâce à une formation organisée par l’équivalent de la Ligue de l’enseignement du Pas-de-Calais (leur nom a changé depuis). C’était une formation d’encadrants de théâtre amateurs, étalée sur l’année, avec plusieurs stages animés par des professionnels. C’était passionnant : nous avons travaillé au Phénix, avec Stéphane Verrue, Emmanuel Leroi et d’autres intervenants.
Q : Comment percevez-vous le rôle du CRTA dans le paysage culturel local ?
Il permet les échanges entre troupes et facilite les contacts, organise des festivals, des rencontres. Mais cela reste du théâtre amateur. Dans le paysage culturel local, il y a de grandes structures professionnelles comme le Théâtre du Nord ou la Rose des Vents. Nous, nous restons amateurs. Mais ce sont deux mondes différents.
Q : Avez-vous des projets après le festival ?
Oui. Nous allons rejouer nos Histoires de planches fin janvier puis fin mars. Nous faisons aussi chaque année une petite animation de Noël pour le réseau d’assistantes maternelles : un spectacle d’environ une demi-heure pour les enfants à Herlies.
Ensuite, pour la saison 2025-2026, nous allons sans doute nous calmer un peu pour réfléchir à un nouveau projet pour 2026-2027. Les Planches ont beaucoup plu, mais nous en aurons fait le tour. Nous les garderons si besoin, mais nous voulons créer autre chose. Nous allons nous réunir pour préparer cette nouvelle étape.
Interview réalisée le 14 novembre 2025 dans le cadre du Festival Théâtre en nord de Willems par Charlotte Malfait, en service civique à la Ligue de l’enseignement du Nord









