militantisme féministe dans le théâtre

Dans le combat pour l’égalité homme-femme dans le domaine du théâtre, de véritables avancées sont à souligner depuis le rapport de Reine Prat de 2006 et 2009.

(Lien rapport : https://www.senat.fr/rap/r12-704/r12-7040.html)

Constat chiffré du ministère chargé de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la lutte contre les discriminations dans le monde de l’art (édition 2023) :

* CINEMA : sur 19 films sélectionnés pour le César du meilleur film, 5 ont été réalisé par des femmes.

* MUSIQUE : 10% des albums primés aux Victoires de la Musique depuis 1985 sont des interprétés par des femmes.

* LITTERATURE : 44% des primés pour l’un des 9 prix littéraire entre 2020 et 2022 sont des femmes.

PHOTOGRAPHIE : 50% des femmes parmi les lauréats de prix photographiques emblématiques en 2022.

* THEATRE : 13% des metteurs en scène sélectionnés à la Cérémonie des Molières depuis 1987 sont des femmes.

* PANTHEON : 6 femmes sur 81 personnes y reposent.

Lutter contre les discriminations, promouvoir l’égalité femmes-hommes, ou encore favoriser les libertés de création et d’expression sont un des grands combats de la Ligue de l’enseignement.

En refusant l’instrumentalisation politique dont ces luttes font souvent l’objet et en étant vecteur d’émancipation, La Ligue de l’enseignement contribue à faire comprendre ces principes.

Média de communication qui mobilise le langage verbal et non verbal pour transmettre des émotions, des messages, des réflexions … Le théâtre peut être utilisé comme un outil d’éducation, de divertissement, mais aussi de critique ou de réflexion sociale ou sociétale.

Voici 2 collectifs de théâtre qui, à travers leurs activités, défendent l’égalité des genres :

Collectif #MeTooThéâtre avec leur pièce Les Histrioniques :

Collectif qui lutte contre les violence sexiste et sexuelles dans le milieu du théâtre et qui porte leur cause « les viols dans le milieu théâtral » à la scène : échanges sur Messenger, reconstitution de scènes clefs, où elles tissent une fiction sur différents niveaux de réalité pour que la théâtralité déployée mette à nu un système de domination inacceptable.

Référence : https://www.mpaa.fr/programmation/histrioniques.

Associations Médiations Actives et Théâtre (MAT) :

Cette association propose des « théâtres Forum » supervisés où il est question d’un jeu théâtre inspiré / dérivé / pris du théâtre de l’opprimé (Boal) qui est l’utilisation du théâtre comme outil de transformation sociale. Activité de jeu théâtre (simuler des situations de domination pour rendre les personnes victimes actrices) à visée de prévention et de réponses aux problématiques sociétales : relations femme-homme, comportements sexistes, violences de genre, violence sexiste et sexuelle … et de formation professionnelle.

Référence : https://mediations-activestheatre.fr

L’art existe aussi comme moyen de catharsis vis-à-vis des violence sexistes et sexuelles :

Notre Ohrage :

Chanson / campagne créée en parallèle d’une plainte à la Cour Européenne des Droits de l’Homme (pour mauvais traitement, acquittement, victimisation secondaire d’une plainte VSS).

Référence : https://www.youtube.com/watch?v=6IV3CukNfkc

« Les monologues du vagin » de Eve Ensler :

Une œuvre qui, par des monologues (tirés d’elle-même ou des femmes interviewées), a pour but de retirer le tabou entourant le mot vagin mais également de faire part de toutes les contraintes et violences que les femmes peuvent subir. Effet thérapeutique et militant / politique (arme de contestation). Référence : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Monologues_du_vagin

Noémie De Lattre – « Féministe pour Homme » :

Pièce nommée en 2020 (Molière du Seul.e en scène) où « Elle parle des hommes et des femmes, aux hommes et aux femmes ; elle parle de carrière, de famille, de publicité, de sexe et de quotidien. Elle porte des robes fourreaux, des talons de 12 et des décolletés plongeants. Et pourtant, Noémie de Lattre est féministe ! »

Extrait de la lettre engagée pour un théâtre féministe d’Emilie Ganito et Julia Vidal :

 (..) 

Mais oui, c’est bien cela, nous y voilà en fait ! 
Par le biais de la scène, nous nous mettons en fête. 
La lumière réjouit, mais qu’éclaire-t-elle ? 
Est-ce toujours les mêmes qu’on retrouve sur l’autel ? 
C’est vrai, où sont les femmes ? Pas les mères, ni les dames, 
Juste les femmes, qui vivent, rient et boivent
Pas les femmes trompées, suicidées, meurtries. 
Pas celles inspirées, poussées à la folie. 
Pas les femmes épouses, amantes, sœurs ou même fille de. 
Non. Où sont les femmes ? Celles qui créent, dirigent, conçoivent. 

Où sont celles qui permettent de croire, en l’élan. 
C’est mon poing que l’on voit levé, sous ce tissu éclatant. 
Il est le drapeau de ce monde où l’on tombera amoureux sans cesse
Bercé.e.s, par les mots des poétesses.
Un monde où l’émerveillement sera religion et les entrailles brûleront. 
Théâtre auto-critique, transparent, qui prend soin 
Doit-on voir mes jambes, pour qu’on m’écoute enfin ?!

(..) 

Comédiennes, autrices, régisseuses, directrices, 
Montrons-nous, soyons fières, ouvrons les vannes dix par dix ! 
Il y a pluralité de causes et de luttes. Elles avancent ensemble, coexistent. 
Engagés par le corps, la voix, les mots, les yeux 
Nous avons fait le choix, d’un combat en tous lieux. 
Je crois à l’importance des modèles et figures. 
Je suis fière des femmes et des hommes, mais pas les durs.

(..)

Je la vois se dessiner, dans cette salle, sur les visages.
Les utopies se tissent et créent des voiles.
Elles se gonflent, poussées par notre souffle vers des mondes plus inclusifs,
Diversifiés, féministes, antiracistes …

(..) 

Agir en conscience, responsabilité, créativité 
Incarner une autre, masculinité. 
ll y a de la place. Il ne faut pas juste la prendre. Il faut la créer. 
Dessiner l’opportunité de voir de nouvelles voix s’élever.

Le nouveau directeur est une directrice !
A 17 ans, lire son premier Ernaux. Ouvrir la porte à Duras, Sagan, Beauvoir, Colette. 
Pauline Peyrade, Leonore Confino, Agathe Charnet, Mariette Navarro. 
A 18 ans, faire sa première marche féministe.
Sentir contre soi, autour de soi les autres cœurs militants.
Vivre le moment, le sang battant dans les tempes.
Épouser la sororité.  Se sentir puissantes. 
A 20 ans, découvrir le théâtre.
Le noir de la salle, l’absence de mur, le contact direct, l’éphémère. 
Les émotions elles, restent permanentes, imprimées dans la peau.
Apaisement, emballement. 

 (..)

Théâtre féministe ? Oui ! Encore et encore. 
Je le dis, le répète, le proclame haut et fort. 
Théâtre tu es apparu, et n’est jamais reparti. 
Femmes, nous sommes toutes ensemble, maintenant c’est écrit. 

Article complet : https://www.sciencespo.fr/ecole-affaires-publiques/fr/actualites/le-feminisme-peut-il-transformer-le-spectacle-vivant/

Et vous vous en êtes où ?

« Male gaze »
Vision présente dans les arts et dans laquelle la femme est perçue comme objet de désir. Dans cette idée, elle est l’unique responsable de sa désirabilité, vue comme une propriété de la femme et non pas comme un processus émanant de l’homme. Ces figures de désir peuvent prendre la forme d’amante, d’épouse ou de prostituée. À son contraire est vu comme la sainte prenant la forme de la vierge, la mère ou l’infirmière.

« Female Gaze »
Ce prisme montre les femmes comme des êtres humains et sujets complexes, diverses et inclusives avec des identités de genre et d’orientations sexuelles variées. Les relations homme-femme ne sont pas stéréotypées. La question de la masculinité est remise en cause. En ce sens, le female gaze est, ni plus ni moins, l’une des formes culturelles de la critique sociale. Le théâtre public se devrait donc d’être un de ses lieux d’accueil privilégiés.